Absence remarquée des dirigeants africains au XIXe Sommet de la Francophonie : un tournant diplomatique ?

Absence remarquée des dirigeants africains au XIXe Sommet de la Francophonie : un tournant diplomatique ?

Le XIXe Sommet de la Francophonie, qui s’est déroulé en France après 33 ans d’absence, a réuni une trentaine de chefs d’État à Villers-Cotterêts et au Grand Palais, du 4 au 5 octobre. Cependant, malgré la présence de plusieurs figures de premier plan comme le président rwandais Paul Kagame et le président congolais Félix Tshisekedi, les absences de nombreux dirigeants africains ont suscité une attention particulière, laissant entrevoir un éventuel repositionnement diplomatique entre la France et certaines nations francophones.

Absences notables des dirigeants africains
Parmi les absences les plus remarquées figurent celles des chefs d’État du Cameroun, du Congo, du Sénégal ainsi que des pays du Maghreb et de l’AES ( Burkina Faso, Mali, Niger). Alors que seuls trois chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) — Mahatma Déby du Tchad, Faustin-Archange Touadéra de la Centrafrique et Clotaire Oligui Nguema du Gabon — étaient présents, les dirigeants du Cameroun ( Paul Biya), du Congo (Denis Sassou Nguesso) et de la Guinée équatoriale (Teodoro Obiang Nguema) ont brillé par leur absence.

Le Sénégal, traditionnellement représenté à ces sommets, a également marqué un coup d’arrêt. L’absence du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye surprend le nombre de participants, puisqu’il s’agit de la première fois qu’un chef d’État sénégalais ne participe pas à un sommet de la Francophonie. Le retrait de ces dirigeants africains semble d’autant plus significatif qu’ils avaient récemment pris part aux sommets Chine-Afrique et Russie-Afrique.

Un glissement vers d’autres puissances ?

Ces absences mettent en lumière une reconfiguration des relations diplomatiques entre certains États africains et la France. Alors que ces dirigeants se sont tournés vers des puissances comme la Chine et la Russie, lors de sommets récents, leur absence à Villers-Cotterêts pourrait refléter une évolution des priorités diplomatiques. En juillet 2023, lors du Sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, malgré les tensions géopolitiques liées à la guerre en Ukraine, 17 chefs d’État africains avaient fait le déplacement. De même, le Sommet Chine-Afrique a renforcé les liens économiques et stratégiques entre l’Afrique et Pékin.

Une influence française en déclin ?

L’absence des dirigeants de pays à forte population francophone comme l’Algérie, le Maroc et le Cameroun, pays comptant parmi les plus grands contingents de francophones au monde, est un signal fort. Cette défection contraste avec l’importance historique que ces nations ont toujours accordée à la francophonie, offrant peut-être une volonté de diversifier leurs partenariats internationaux.

Cependant, ces absences n’ont pas éclipsé l’ampleur de l’événement. Le Sommet de la Francophonie a attiré 160 délégations et environ 200 exposants, avec des rencontres d’affaires couvrant cinq grands thèmes : l’intelligence artificielle, la transition énergétique, le capital humain, le développement et le financement de l’innovation. Parmi les personnalités présentes, le Prince Albert II de Monaco, le roi du Cambodge Norodom Sihamoni, et le président rwandais Paul Kagame ont marqué de leur présence cet événement international.

Vers une redéfinition des alliances ?

Le XIXe Sommet de la Francophonie, bien que riche en échanges et en opportunités économiques, soulève des questions sur la place future de la France en Afrique. Alors que les liens historiques et culturels restent solides, l’intérêt croissant de l’Afrique pour d’autres puissances laisse entrevoir un nouvel ordre diplomatique. Seule l’avenir dira si cette tendance s’inscrit dans la durée, ou si la Francophonie saura se réinventer pour regagner son influence auprès de ses partenaires africains.

Par Vox Sahel

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