Portrait/Marvin Fabrice Zongo : Le saut de la foi d’un athlète en quête d’olympe

Portrait/Marvin Fabrice Zongo : Le saut de la foi d’un athlète en quête d’olympe

Parcours d’un prodige de l’athlétisme entre deux mondes

S’il fallait incarner la ténacité, l’intelligence sportive et l’ambition maîtrisée, le nom de Marvin Fabrice Zongo s’imposerait avec évidence.Derrière un sourire calme et une posture disciplinée, se cache un compétiteur d’une rare intensité. En cinq ans à peine sur le sol canadien, cet athlète burkinabè a redéfini les contours de l’excellence à l’intersection du sport de haut niveau et de l’accomplissement académique.

Une double trajectoire : érudit et athlète

Arrivé en 2019 au Canada, c’est d’abord pour les études que Marvin foule le sol nord-américain. Il n’était alors « que » l’un de ces jeunes brillants venus se forger un avenir dans les sciences sociales et juridiques. Trois ans plus tard, il sort diplômé en droit et justice de l’Université Laurentienne avec mention Cum Laude, une distinction accordée aux meilleurs. Mais pour ceux qui le côtoient de près, la surprise n’était pas dans le diplôme, mais bien dans sa capacité à exceller simultanément sur la piste d’athlétisme.

C’est dans les disciplines techniques du saut en longueur et du triple saut que Marvin Zongo s’est affirmé comme une force incontournable. Ses débuts universitaires sont fulgurants : Athlète de l’année, Recrue de l’année, Vice-champion provincial, tout cela en 2022, l’année même où il décroche son diplôme. Mais l’histoire ne s’arrête pas à ces honneurs. C’est en 2024 que Marvin change de dimension.

Lors des essais olympiques canadiens, il s’impose doublement en or au saut en longueur, en salle puis en extérieur, tout en glanant un titre national en salle au triple saut et une médaille de bronze en extérieur. Il devient champion de la Ligue canadienne d’athlétisme, ajoutant à son palmarès une dimension professionnelle. Une progression marquée par un mélange rare : puissance technique, discipline quotidienne et stratégie de carrière.

Un athlète-entraineur, ancré dans la science du sport

Mais Zongo ne saute pas qu’avec ses jambes — il bondit aussi avec son esprit. En 2023, il obtient une certification américaine de coach en force et conditionnement (Institute Sport Science Association) et se spécialise en nutrition. Il devient assistant-entraîneur de l’équipe universitaire qui l’a formé. Dans les faits, il est autant un guide pour la relève qu’un étudiant du mouvement humain, qu’il dissèque avec une précision chirurgicale.

Son approche scientifique du sport, sa connaissance de la biomécanique, de la nutrition, de la préparation mentale en font un athlète-architecte de sa propre progression. « Je veux bâtir quelque chose de durable, où chaque détail compte », confie-t-il dans un entretien confidentiel.


2025 : une année charnière, les yeux rivés sur Tokyo

Marvin ne le cache pas : les Jeux olympiques sont un rêve qui prend forme. Mais il refuse de se précipiter. Son objectif immédiat est clair : maintenir un haut niveau de performance, conquérir le titre national extérieur, et surtout, atteindre les minima pour les Mondiaux de Tokyo. Ce plan repose sur une gestion méticuleuse de son corps, un encadrement de haut niveau — auquel il aspire avec le soutien potentiel du Comité olympique et du ministère des Sports.

Son profil, justement, semble taillé pour attirer ce soutien : mature, méthodique, charismatique, il incarne une nouvelle génération d’athlètes qui pensent autant qu’ils performent. Dans un Canada à la recherche de figures de proue à forte résonance multiculturelle et à haute valeur symbolique, Marvin pourrait bien devenir une figure de proue du sport canadien, sans jamais renier ses racines africaines.

 


« Rien n’est laissé au hasard »

Ce qui frappe, chez Marvin, ce n’est pas seulement la performance — c’est la méthode. Rien n’est improvisé. Chaque entraînement, chaque récupération, chaque prise de parole publique s’inscrit dans une stratégie patiente et rigoureuse. Loin de l’esbroufe des réseaux sociaux, il avance à pas feutrés, mais fermes. Et comme au saut en longueur, c’est dans l’élan invisible que se dessine souvent le saut décisif.

Marvin Fabrice Zongo est déjà bien plus qu’un espoir. Il est la preuve que l’excellence ne connaît ni frontières, ni raccourcis. Un nom à suivre, un destin en cours de construction. Un athlète de l’ombre prêt à éclater à la lumière.

Par Vox Sahel

Vox Sahel

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