Burkina Faso : La SONASP achète 13 049T d’or et prévoit 6,5 tonnes pour les exploitations artisanales d’ici fin 2024
Le secteur minier burkinabè connaît un tournant majeur avec la Société Nationale des Substances Précieuses (SONASP), nouvel acteur chargé d’optimiser la gestion de l’or et de garantir un cadre de commercialisation plus transparent et bénéfique à l’économie nationale. Depuis sa création en octobre 2023, la SONASP se positionne au cœur d’un programme stratégique visant à réguler, exploiter et transformer les ressources minières du pays, avec des résultats significatifs dès sa première année d’activité.
La SONASP, placée sous la direction générale du Capitaine Sougrinoma Basile Zongo, est née de la transformation de l’Agence Nationale d’Encadrement des Exploitations Minières Artisanales Et Semi-Mécanisées (ANEEMAS), autrefois institution étatique dédiée aux mines artisanales. Le nouvel organisme se distingue par une mission élargie, incluant à la fois la régulation des exploitations artisanales et le soutien à la production industrielle, avec des moyens plus robustes et une vision tournée vers l’industrialisation et la transformation locale de l’or.
Grâce à une loi adoptée en juillet 2024, la SONASP a été dotée du statut de guichet unique pour toutes les exportations d’or issues de la production artisanale et semi-mécanisée, un dispositif essentiel pour lutter contre la fraude qui gangrène le secteur depuis des décennies. Selon des estimations récentes, la production fraudée pourrait atteindre jusqu’à 30 tonnes d’or par an. En renforçant le cadre juridique et les mécanismes de traçabilité, le gouvernement vise à recentrer le commerce de l’or burkinabè vers les circuits formels, améliorant ainsi les retombées fiscales et socio-économiques du secteur.
Dans une interview accordée accordée à Mine Actu, un web média d’informations dédiée activités minières, le Capitaine Sougrinoma Basile Zongo a indiqué qu’à la date du 31 août 2024, sa structure a enregistré des achats de 8 149 tonnes d’or pour le secteur industriel et de 4,9 tonnes pour l’exploitation artisanale, soit un total de 13 049 tonnes. Ce niveau de production marque un record historique pour le pays, témoignant de la croissance d’un secteur en pleine restructuration. Les prévisions de la SONASP pour la fin de l’année s’élèvent à 6,5 tonnes d’or pour les exploitations artisanales, un chiffre qui souligne le potentiel du sous-secteur lorsque les mécanismes de formalisation et d’incitation sont bien établis.
La construction de la première raffinerie nationale d’or, lancée en novembre 2023 en partenariat avec la société MARENA GOLD BURKINA, est un autre jalon stratégique pour renforcer l’indépendance minière du Burkina Faso. Avec une capacité annuelle de 149 tonnes et un taux de pureté de 99,99 %, cette raffinerie est conçue pour recevoir des flux de trois sources : la production artisanale, la production industrielle et l’or importé de la sous-région. Le projet, financé à hauteur de 7 milliards de F CFA, est un levier indispensable pour développer une chaîne de transformation complète et autonome.
Vers une gestion souveraine et durable des résidus miniers
En complément, la SONASP œuvre pour exploiter les résidus miniers jusque-là exportés pour le traitement à l’étranger. Le partenariat avec Golden Hand SA pour le lancement d’une usine de traitement des résidus miniers ambitionne de valoriser le charbon fin, les scories et autres concentrés acides sur le territoire national. Avec une capacité de 1 000 tonnes de résidus par an, cette usine représente une avancée décisive dans la souveraineté économique et la réduction du gaspillage de matières précieuses.
Les mesures mises en place par la SONASP visent à intégrer le secteur minier burkinabé dans une économie plus inclusive et transparente, notamment la dépendance aux circuits informels. La constitution d’une réserve nationale d’or s’inscrit dans cette dynamique, avec des sources d’approvisionnement variées, de la production artisanale à l’or raffiné.
Le Burkina Faso, troisième producteur d’or en Afrique de l’Ouest, confirme ainsi son ambition de faire de l’or un moteur de croissance économique, en maximisant les retombées pour l’État et en créant des emplois durables dans une filière minière modernisée.
Par Vox Sahel