Clovis Compaoré président de L’Association des Burkinabè Vivant à Houston : « Notre génération est débout, nous sommes prêt à supporter toute initiative qui tend vers la souveraineté et la libération de ce pays »

Clovis Compaoré président de L’Association des Burkinabè Vivant à Houston : « Notre génération est débout, nous sommes prêt à supporter toute initiative qui tend vers la souveraineté et la libération de ce pays »

Clovis Compaoré, originaire du Burkina Faso, réside actuellement à Houston, au Texas, aux États-Unis d’Amérique. Après s’être rendu dans ce pays pour poursuivre ses études, il y exerce aujourd’hui en tant qu’ingénieur de formation et entrepreneur. Il occupe également la fonction de Président de l’Association des Burkinabè vivant à Houston. En avril 2023, Clovis Compaoré a été élu pour un mandat d’un an, renouvelable. Lors de son séjour au Burkina Faso, il nous a accordé un entretien au cours duquel il a abordé divers sujets relatifs à l’association qu’il préside depuis près de 4 mois. Parmi les thèmes évoqués, les conditions de vie générales des Burkinabè résidant aux États-Unis ont été discutées en profondeur. Clovis Compaoré a également mis en lumière le rôle essentiel de cette association au sein de la communauté burkinabè établie à Houston. De plus, il a abordé la situation nationale et les enjeux actuels qui touchent le Burkina Faso.

 Parlez-nous un peu de l’Association des Burkinabè de Houston. Quels sont ses objectifs et ses activités principales ?

 L’ABH est une jeune association qui a ses forces et ses faiblesses. Elle compte entre 3000 à 4000 burkinabè actifs et inactifs vivants à Houston. Notre association a pour objectif de fédérer les Burkinabè vivant dans cette partie des USA pour une coexistence et un soutien mutuel. A travers cette association, les Burkinabè de ce ressort territorial peuvent avoir de l’aide et de l’assistance à tout moment.

Pour les membres actifs de l’ABH, elle a des activités clés. Nous assistons des Burkinabè qui par exemple ont un besoin financier. Généralement c’est dans le domaine de l’immigration que cela arrive le plus souvent. Pour les Burkinabè qui arrivent nouvellement à Houston, nous les assistons. Nous avons des plateformes WhatsApp dans lesquels nous partageons des informations. Nous aidons ceux qui cherchent des logements et aussi de quoi faire. Nous venons en assistance à ceux qui ont des problèmes d’ordres juridiques  surtout dans le domaine de l’immigration. L’association est le premier recours pour gérer ces cas.

Qui sont les membres actifs ?

En parlant de membres actifs, je veux faire allusion à ceux qui sont à jour de leurs cotisations vis-à-vis de l’ABH qui est de 10 dollars. Ces derniers sont actifs aux activités de l’association et ils accompagnent le bureau. Nous avons aussi des membres qui sont inactifs dû à des raisons personnelles. Cependant, il faut savoir que le Covidç19 avait conduit beaucoup de Burkinabè à se replier sur eux-mêmes à causes des mesures barrières qui avait été instaurées par les autorités américaines qui empêchaient les regroupements. Nous sommes à la fin de cette crise. Toute chose qui a permis d’améliorer le taux de participation aux activités de l’association. En 4 mois d’activités, nous sommes passés d’un taux de participation de 20 à 45%. Il faut dire que nous avons déjà brisé des records concernant la vie de cette jeune association.

Pour les nouveaux arrivants à Houston en provenance du Burkina Faso, comment facilitez-vous leur intégration et leur connexion au sein de la communauté burkinabè ?

Il faut dire que c’est la partie la plus facile pour l’ABH. Parce que tout nouveau arrivant doit immédiatement contacter le bureau exécutif de l’association à travers les personnes qui les ont accueillis de prime à bord. Nous allons ensuite les intégrer aux différentes plateformes de l’association. C’est au travers de cette plateforme que nous allons leur trouver un colocataire,  un travail et les informations dont ils ont besoin surtout dans le cadre de la formation professionnelle.

 Quelles sont les conditions de vie et le taux d’insertion professionnelle des Burkinabè dans cette partie des USA?

Vous serez surpris parce que les Burkinabè sont très courageux et travailleurs. 90% des Burkinabè qui arrivent à Houston arrivent à s’insérer. Et ceux qui par exemple sont à jour de leurs documents d’immigration sont à la tête de certaines institutions. Nous avons par exemple une chambre de commerce Ouest-africaine dirigé par un Burkinabè. Il n’y a pas des Burkinabè qui ont des entreprises à Houston. Il faut noter par ailleurs que Houston c’est la capitale mondiale de l’énergie. Nous avons le plus grand centre hospitalier du monde.

 Vous avez récemment été élu à la présidence de l’association. Quels sont les points clés de votre programme pour ce mandat ? 

Dès le début de ma campagne, j’ai élaboré un programme clair et accessible. Celui-ci reposait sur deux éléments fondamentaux. Tout d’abord, la cohésion sociale était au cœur de mes préoccupations. La pandémie du Covid-19 avait profondément Divisé la population burkinabè et notre association semblait même en voie de disparition. Il était crucial de mettre en place des activités visant à dépasser ces clivages. Un exemple marquant fut l’organisation de la rupture du jeûne communautaire pendant le mois de Ramadan 2023. À cette occasion, nous avons rassemblé les différentes religions et cultures afin de dissiper les barrières et d’accompagner nos frères et sœurs musulmans durant cette période de recueillement. Cette initiative s’est avérée être un véritable succès. Le deuxième volet de mon programme était axé sur le développement socio-économique. Notre région compte un grand nombre d’entrepreneurs burkinabés résidant à Houston. Nous avons ainsi entrepris de les réunir et de leur fournir les informations essentielles. Cela vise non seulement à encourager de nouvelles initiatives entrepreneuriales, mais aussi à renforcer leur capacité de production, en comblant les lacunes en termes d’informations dont nos entrepreneurs burkinabè étaient jusqu’alors privés. Nous avons donc jugé qu’il était grand temps que nos hommes et femmes d’affaires se rassemblent, échangent, et puissent bénéficier des mêmes avantages que d’autres communautés. Ce programme est actuellement en cours de déploiement. Nous avons même prévu de lancer une activité en décembre, au cours de laquelle nous convierons des opérateurs économiques américains ainsi que des représentants de différentes nationalités. L’objectif sera de leur présenter les opportunités qu’offre le Burkina Faso. C’est précisément dans cet esprit que je me trouve actuellement dans le pays. Nous sommes ici pour rencontrer les autorités et leur présenter notre projet, tout en les encourageant à nous accompagner dans la promotion des opportunités qui existent au Pays des Hommes intègres. Notre but est de stimuler l’investissement de la diaspora dans notre pays. Pour cela, nous avons besoin d’une assurance solide de la part du gouvernement quant à un soutien sérieux. Cette démarche représente une occasion de rehausser l’image de notre nation, particulièrement en cette période difficile,

Un bilan ?

Le bilan actuel est extrêmement positif. Sur le plan financier, au moment où j’ai pris la responsabilité de la structure, nous ne disposions que de 274 dollars dans nos caisses. Aujourd’hui, grâce à nos efforts, nous avons réussi à mobiliser plus de 19 000 dollars. Récemment, nous avons malheureusement dû faire face à un décès, et dans cette douloureuse circonstance, l’association a pu rassembler plus de 16 000 dollars pour soutenir la famille endeuillée. De plus, nous avons remis un chèque de 9 000 dollars à la famille du défunt, afin de les assister durant cette période difficile. Parallèlement, nous sommes en train de traiter un dossier juridique en cours. En seulement 4 mois, le taux de participation aux activités a augmenté significativement, passant de 20 à 45 %, démontrant ainsi l’engagement croissant de nos membres. Du côté financier, les militants ont également commencé à régulariser leurs cotisations, ce qui est un signe positif pour notre situation globale.

 Comment les ressortissants vivent avec le grand banditisme et le problème du racisme que connait ce pays ?

Il faut noter que dans les villes comme Houston et le Texas en particulier, le niveau de banditisme n’est pas à négliger. Parce que le Texas à des lois qui sont liées à la possession des armes. Comme c’est Etat républicain, il tient à certaines lois. En tant que communauté, nous sommes malheureusement souvent victimes et ressentons un sentiment d’impuissance face à ces réalités. Cependant, des mesures ont été mises en place afin de prévenir les situations précaires pour les Burkinabè résidant ici. La communication joue un rôle primordial à cet égard. Nous partageons des informations concernant les zones à éviter, surtout à certaines heures nocturnes. De plus, nous avons fait en sorte que nos compatriotes burkinabè s’établissent dans des quartiers de Houston réputés pour leur tranquillité et leur faible agitation. Notre choix de vivre en communauté contribue déjà en soi à renforcer notre sécurité. De plus, nous favorisons généralement les interactions en groupe. Lorsque vous observez un Burkinabè impliqué dans une activité, il est fort probable qu’il soit entouré d’autres personnes. Ces démarches collectives jouent un rôle essentiel dans la protection que nous assurons mutuellement à Houston, que ce soit en ce qui concerne la criminalité ou d’autres phénomènes connexes.

Comment contribuez-vous à la création de richesse nationale pour votre pays ?

La question tombe à pic parce que le bureau exécutif de l’association est en train de travailler sur un projet actuellement. Nous avons récemment eu des discussions fructueuses avec les hauts responsables de l’APEC au sujet de l’actionnariat populaire. J’ai d’ailleurs partagé ces avancées avec le ministre en charge des Burkinabè de l’étranger. Il ressort que de nombreux compatriotes résidant ou travaillant à Houston nourrissent le désir ardent de revenir dans leur pays d’origine, le Burkina Faso. Cependant, ce souhait se heurte souvent à des contraintes financières considérables liées au coût du retour. Dans ce contexte, l’actionnariat populaire se présente comme une solution prometteuse pour réunir les fonds nécessaires pour le retour au pays. Nous pensons que cette démarche offre une voie sûre permettant de rapatrier les capitaux au Burkina Faso. Tous les Burkinabè disposant de revenus substantiels et réguliers ont, à notre avis, l’opportunité de profiter de ce canal pour faciliter leur retour. En promouvant l’actionnariat populaire, nous encourageons chaleureusement la diaspora à emprunter cette voie afin de contribuer au développement économique de notre pays en ramenant leurs investissements sur notre sol.

Comment se passe justement l’actionnariat pour le retour des capitaux ?

Initialement, nous avons organisé une conférence informative il y a environ un mois, laquelle s’est déroulée en ligne. Lors de cet événement, la participation active de la communauté de Houston a été remarquable. Immédiatement après la réunion, de nombreux individus se sont manifestés avec un vif intérêt pour s’impliquer dans le projet. Pour les Burkinabè résidant à Houston, intégrer ce projet est simplifié. Toute personne souhaitant s’engager peut entrer en contact avec le bureau exécutif de l’ABH. Les démarches d’inscription sont alors expliquées, et une fois les fonds déposés, un compte est ouvert et les numéros de reçus sont fournis. Dans un délai de 24 heures, les documents confirmant le statut d’actionnaire, au nom de X et Y par exemple, sont transmis par fax ou par voie électronique. Il est important de noter que l’acquisition d’actions offre la perspective d’un retour sur investissement sur une période minimale de 2 ans.

Quelle garantie vous donne-t-on?

Il est essentiel d’admettre sans se voiler la face que tout investissement comporte des risques. Cependant, la première assurance réside dans le fait que ce sont les citoyens burkinabè qui investissent et consomment les produits. Une autre garantie découle de l’engagement du gouvernement dans ce processus, ce qui renforce la sécurité et la stabilité de la participation populaire. Cette activité est étroitement surveillée et est dirigée par des individus hautement compétents à la tête de l’organisation.

Quel est votre regard sur la situation sécuritaire de votre pays ?

La situation actuelle est véritablement préoccupante. Les membres de l’ABH ainsi que ceux de la diaspora condamnent unanimement les agissements des groupes terroristes. Nous tenons à saluer les efforts du gouvernement, car, sans les mesures concrètes qui ont été prises, il n’est pas certain que nous aurions pu avoir cette opportunité d’échange. Nous exprimons notre soutien et nos encouragements pour les actions entreprises par le gouvernement.

Avez-vous déjà envisagé des initiatives ou des mesures pour contribuer à améliorer la situation sécuritaire ?

 La diaspora a déjà apporté une contribution significative à l’effort de paix, en versant jusqu’à 48 millions de F CFA. De plus, nous avons fait don d’équipements d’une valeur de 243 millions de F CFA au CHU Souro Sanou de Bobo-Dioulasso. À Houston, nous sommes en train de finaliser une collection de vêtements et de fournitures, destinée à être acheminée prochainement à Ouagadougou. Notre objectif est d’envoyer au moins 2 conteneurs pour aider les déplacés internes. Cette situation touche Tous les Burkinabè résidant à Houston. Nous sommes pleinement engagés dans cette démarche et croyons qu’avec un travail acharné, la paix et la sécurité reviendront au Burkina Faso dans un avenir proche.

 Selon vous quel peut ou que doit être l’apport de la diaspora pour résoudre cette crise ?

 La diaspora doit se mobiliser comme un seul homme pour supporter le Burkina Faso en ces moments difficiles de son histoire. La première action, c’était de participer à l’effort de paix, mais on peut faire mieux. On peut faire par exemple une collecte mensuelle parce que la guerre, elle est là et c’est réelle. La diaspora et la communauté de Houston en particulier va toujours continuer à supporter le gouvernement dans toute action qui tend vers la libération du Burkina et la restauration de l’intégrité du territoire. Nous sommes aussi des burkinabè, c’est donc nécessaire, voire impératif que l’on accompagne le gouvernement.

 Si vous avez les pleins pouvoirs pour résoudre les problèmes actuels, quelles actions concrètes entreprendriez-vous ?

Si j’avais le plein pouvoir d’apporter ma contribution à la lutte, ma priorité serait de rehausser le niveau de civisme au Burkina Faso. Le civisme est la fondation d’une société disciplinée et productive. Notre expérience à l’étranger nous a montré que la base d’un fonctionnement harmonieux réside dans le respect des lois et de la discipline. Ainsi, le renforcement du civisme est essentiel à tous les niveaux de la société. De plus, cultiver le patriotisme s’avère indispensable. Prenez les États-Unis, par exemple, où le sentiment patriotique est profondément ancré. Le simple acte de brûler un drapeau américain en public peut avoir des conséquences graves, illustrant l’attachement au pays. Ces deux valeurs, le civisme et le patriotisme, sont des piliers pour favoriser le progrès. Elles pourraient même supprimer le besoin de déploiement policier pour réguler la circulation lorsque des feux tricolores sont en place. Dans une telle société, la grande majorité, soit 99 %, respectait le code de la route, peu importait l’heure. Je suis convaincu que c’est par ces mesures fondamentales que nous pouvons amorcer un changement positif.

 Quel message avez-vous pour ceux qui ont pris les armes contre le Burkina ?

 Il est essentiel de reconnaître qu’à un certain moment, ce pays a souffert de la mauvaise gouvernance. Des communautés ont été marginalisées à certaines périodes de son histoire. J’ai personnellement résidé à Déou, dans la région du Sahel, entre 1998 et 1999, si ma mémoire est exacte. Selon le rapport, jusqu’au début de la crise, peu de choses avaient évolué. Ces circonstances sont regrettables, particulièrement si des compatriotes burkinabés ont pris les armes contre leur propre pays. Nous avons pris acte de la situation, je pense. Il est probable que certaines populations ont été manipulées, les poussant ainsi à prendre les armes et à se rebeller contre l’ensemble de la société. C’est une réalité triste que nous condamnions fermement. Néanmoins, nous nous engageons à lutter contre cette violence et à inviter ceux qui l’on faite à revenir à la raison. Nous espérons sincèrement que ces individus déposeront les armes afin de rejoindre la table de dialogue, permettant ainsi une collaboration constructive. Heureusement, nos dirigeants actuels ont fait preuve de courage pour affronter la réalité, ce qui constitue déjà un pas significatif. La première étape pour résoudre tout problème consiste à l’identifier clairement. Une fois cet écueil surmonté, les solutions commenceront à émerger naturellement.

Si vous avez la chance d’échanger avec le Capitaine Ibrahim Traoré, quel sera votre message ?

 Le message que j’ai pour lui, c’est d’abord le féliciter pour son travail et son courage. C’est très louable. Je vais aussi l’encourager à continuer le travail. Il y aura des moments où les obstacles viendront, mais c’est continuer le travail car la jeunesse compte sur lui. Notre génération est débout, nous sommes prêts à supporter toute initiative qui tend vers le développement de notre cher pays le Burkina Faso, vers la souveraineté et la libération de ce pays.

 Quel message aimeriez-vous transmettre à l’ensemble des Burkinabè ?

 Je leur dirais que la saison pluvieuse est parsemée de pluie et de rupture de pluies et qu’il faut semer, cultiver, avoir la foi, la patience pour avoir un lendemain meilleur. La liberté n’est pas offerte, le développement non plus. Tout développement nécessite un sacrifice et un coût. Rien n’est gratuit, rien ne sera gratuit. J’encourage tous les Burkinabè qui vivent des situations différentes à se serrer les coudes pour continuer le travail parce que seul le travail paye.

Avez-vous quelque chose à ajouter pour clore l’entretien ?

 Je tiens remercier les médias qui nous permettent d’avoir les informations du Burkina Faso aux quotidien depuis notre lieu de résidence à Houston.

 

Vox Sahel

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