Fabrice Marvin Zongo : « Mon rêve, c’est d’offrir une médaille d’or olympique au Burkina Faso »

Triple champion national canadien en saut en longueur, recordman universitaire et diplômé en droit, Fabrice Marvin Zongo incarne l’alliance parfaite entre excellence sportive et réussite académique. Installé au Canada, l’athlète burkinabè nourrit de grandes ambitions : porter haut les couleurs de ses origines sur la scène internationale, avec en ligne de mire les Jeux olympiques de 2028. Dans cet entretien exclusif, Marvin revient sur ses débuts, partage ses projets et dévoile les aspirations qui le poussent à toujours viser plus haut.
Vox Sahel : Pouvez-vous vous présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Fabrice Marvin Zongo: Moi, c’est Fabrice Marvin Zongo, athlète d’origine burkinabè vivant au Canada, spécialiste du saut en longueur et du triple saut. En dehors du sport, j’ai obtenu un Bachelor en droit et justice de la prestigieuse université Laurentienne, avec mention. Je suis aussi entraîneur personnel certifié, spécialiste en force et conditionnement, ainsi que nutritionniste diplômé de l’ISSA (International Sports Sciences Association), une organisation basée aux États-Unis. Mon objectif est de mettre mon expérience dans le sport au service des autres.
Quel est votre parcours sportif jusqu’à présent ?
J’ai toujours aimé les défis. L’athlétisme, c’est le dépassement de soi, et j’ai toujours voulu repousser mes limites. Jusqu’à présent, j’ai remporté trois fois le championnat national canadien au saut en longueur, une fois au triple saut, et j’ai été champion provincial au triple saut en 2022. J’ai également participé à plusieurs championnats nationaux. Je détiens trois records universitaires en triple saut, en saut en longueur, et je suis le deuxième meilleur performeur au 60 m de l’année m, j’ai aussi été nommé recrue de l’année. De 2022 à 2025, j’ai décroché des médailles d’or, d’argent et de bronze à au moins quatre reprises aux championnats provinciaux de l’Ontario. La liste est longue, mais je vais m’arrêter là.
À quel moment avez-vous découvert ta passion pour l’athlétisme ?
Depuis le lycée, j’ai toujours eu une capacité naturelle à sauter loin. En cours d’EPS, j’étais systématiquement au-delà des barèmes dès la classe de 3e. Mais c’est en 2016, après avoir intégré le club dirigé par le Directeur Technique National, Missiri Sawadogo, et après ma première sélection pour le tournoi de la Solidarité au Mali, que tout a vraiment commencé. C’était une superbe expérience avec l’équipe nationale.
Quel a été le déclic qui vous a donné envie de poursuivre sérieusement cette discipline ?
Le déclic, c’est justement cette sélection pour le tournoi de la Solidarité. Participer à une compétition internationale avec l’équipe nationale m’a donné envie de me consacrer sérieusement à l’athlétisme.
Avez-vous un modèle ou une source d’inspiration dans le sport ?
Bien sûr ! Usain Bolt est une référence, tout comme Christian Taylor, le sauteur américain, et Pichardo, le Cubain. J’adorais leur technique, elle est à couper le souffle. Je fais aussi un big up à notre champion du monde en titre, mon homonyme Hugues Fabrice Zango, ainsi qu’à Marthe Koala, qui ont mis en lumière les réalités de l’athlétisme. Nous ne pouvons qu’être fiers d’eux.
Comment êtes-vous arrivé au Canada ? Était-ce dans un cadre sportif, académique ou personnel ?
Je suis venu au Canada pour les études, mais je pratiquais déjà l’athlétisme. J’ai choisi de poursuivre les deux parce que l’éducation est importante. Grâce à Dieu, j’ai obtenu mon diplôme avec les honneurs, mais on n’a jamais fini d’apprendre.
Comment arrives-tu à concilier ta vie d’athlète avec ta vie étudiante ou professionnelle ?
Ce n’est pas facile du tout. Sport et études demandent beaucoup de sacrifices. L’excellence a toujours été mon objectif, mais la réalité nous rattrape vite quand on n’a pas les ressources ni l’accompagnement nécessaires pour exceller.
Quels sont les avantages et les défis d’être un athlète burkinabè à l’étranger ?
Il y a des avantages, mais aussi beaucoup de défis. À l’étranger, on est livré à soi-même. L’athlétisme, ce n’est pas un sport qu’on peut pratiquer à moitié : soit on s’investit totalement, soit on ne le fait pas. Or, sans soutien, c’est très difficile. Comment s’entraîner 5 à 6 fois par semaine en travaillant et en étudiant ? Et puis, ce n’est pas partout au Canada que les infrastructures sont adéquates. Dans certaines régions, il n’y a même pas de sautoir en salle, ce qui est compliqué quand on a six mois d’hiver.
Peux-tu nous parler de tes meilleures performances jusqu’à présent ?
J’ai remporté plusieurs titres : triple champion national canadien en saut en longueur, champion provincial en triple saut, recordman universitaire en triple saut et en saut en longueur, deuxième meilleur au 60 m, recrue de l’année… Ces performances sont des repères qui me motivent à aller plus loin.
Quelles compétitions importantes as-tu en ligne de mire ?
La saison est longue, elle se termine en septembre. On va se préparer sérieusement avec des meetings à travers le Canada pour améliorer notre classement mondial. Ensuite, il y aura les championnats canadiens fin juillet, et potentiellement les championnats du monde en septembre.
Avez-vous un objectif à long terme, comme les JO ou les championnats du monde ?
Évidemment ! Mon objectif ultime, c’est les Jeux olympiques de 2028. J’aimerais offrir une médaille d’or à mon pays. Mais avant ça, participer à deux ou trois championnats du monde, me dépasser, donner le meilleur de moi-même et quitter le sport sans aucun regret.
Que représente le Burkina Faso pour toi dans ton parcours ?
C’est mon pays, ma fierté. Représenter le Burkina Faso est un honneur. Le contexte actuel rend cette responsabilité encore plus forte. Je prie pour mon pays et je tiens à faire bonne impression. Mais il ne faut pas oublier la réalité : l’athlétisme au Burkina est encore très difficile. J’aimerais qu’on puisse améliorer les choses. Je suis aussi ouvert à représenter le Canada, mon deuxième pays. J’y vis depuis plusieurs années, j’y ai beaucoup appris. L’important pour moi, c’est de faire honneur à mes origines, quelle que soit la bannière.
Avez-vous des liens avec la Fédération burkinabè d’Athlétisme ou des clubs locaux ?
Oui, les premiers contacts ont été établis en 2024, après que j’ai remporté le championnat national et les essais olympiques au Canada. J’ai échangé avec quelques dirigeants, mais les choses prennent du temps. On verra comment cela évolue. Il faut savoir qu’ici, tout est à nos frais : entraînement, compétitions, soins, kinésithérapeute… Et il faut aussi payer les factures. C’est un vrai défi de concilier haut niveau, études et travail.
Quelle est ta routine d’entraînement ou un secret de préparation à partager ?
En tant que sauteur, je travaille beaucoup la technique, la vitesse et l’endurance. Il faut tenir jusqu’au sixième essai, garder un bon mental et rester concentré. On peut se retrouver à concourir avec des athlètes qu’on voit habituellement à la télé : dans ces moments, il ne faut pas se sentir outsider, mais venir pour gagner.
Quelles sont tes passions en dehors du sport ?
J’aime apprendre, découvrir. Je reste connecté à mon pays autant que possible. J’adore le cinéma, cuisiner, jouer au football et au basketball pendant mes temps libres.
Un mot pour conclure ? Un message pour tes supporters, la jeunesse burkinabè ou ta famille ?
Un grand merci à tous ceux qui nous soutiennent, de près ou de loin. L’athlétisme est un sport physique, mais aussi très mental. Merci à ma famille, qui a toujours cru en moi, dans les moments difficiles comme dans les victoires. Merci aussi à toutes les personnes qui m’envoient des messages d’encouragement, même si je ne peux pas toujours répondre. Grâce à votre soutien, on garde la force de continuer à se battre pour aller plus loin.
Interview réalisée par Vox Sahel