Départ de Kamou Malo : Les Dessous de la fin d’une ère à la tête des Étalons
Le dernier match de classement des Étalons à la CAN 2021 au Cameroun était la petite finale pour la troisième place, qui s’est déroulée le 5 février 2022 contre le Cameroun. Le Cameroun a remporté le match aux tirs au but après un match nul 3-3, reléguant le Burkina Faso à la quatrième place du tournoi. Un match qui semblablement va à jamais tracer le sort du sélectionneur Kamou Malo.
C’est dans une atmosphère à la fois lourde et empreinte d’émotion que Kamou Malo, sélectionneur national des Étalons du Burkina Faso, est revenu sur les circonstances de son départ de la tête de l’équipe nationale. L’homme, reconnu pour son calme et son franc-parler, a levé le voile sur les dessous d’une séparation qui, selon lui, a été précipitée par des facteurs extra-sportifs autant que par le poids de l’émotion populaire.
Lors d’un entretien empreint de sincérité, Kamou Malo est revenu sur le match qui, selon beaucoup, aurait « scellé son sort ». « C’est ce match-là que les gens ont pris pour en faire un prétexte, » confie-t-il, avant d’ajouter qu’il avait déjà dû faire face à de nombreuses manœuvres destinées à fragiliser son poste. « Tout ce qui avait été organisé comme cabale, j’ai eu la chance de pouvoir contourner ces obstacles. Mais cette fois, le contexte émotionnel a joué contre moi. »
Le technicien burkinabè, qui avait pourtant conduit les Étalons à une campagne saluée au plan continental, affirme avoir été surpris par la tournure des événements. « Pour moi, si je revenais avec une médaille, il serait difficile qu’on ne me reconduise pas. Mais comme le match a viré au cauchemar, certains en ont profité. »
Selon Kamou Malo, le peuple burkinabè, passionné de football, a laissé parler son cœur plus que la raison. « Le Burkina Faso est très émotif. On s’est appuyé sur cette émotion négative pour sceller mon sort, » raconte-t-il, avant de revenir sur la scène qui a marqué son départ. Trois jours après la rencontre, il reçoit un appel du directeur de cabinet du ministère des Sports, M. Sori, lui demandant de se rendre à la Fédération. « Le président tentait de te joindre, m’a-t-il dit. J’ai répondu que je n’étais pas au courant. »
À son arrivée à la Fédération, Kamou Malo découvre un dispositif qui le laisse perplexe. « On m’a récupéré mon portable à l’entrée. J’ai trouvé cela étrange, mais je suis resté calme. » Face au président de la Fédération burkinabè de football, il entend un discours de reconnaissance teinté de rupture : « Coach, tu as fait une belle campagne, le boulot est bien fait, mais j’ai d’autres ambitions pour le football burkinabè. »
Le message est clair : malgré les bons résultats, le technicien ne sera pas reconduit. « Le Dircab m’a dit alors : “Ça veut dire qu’on ne va pas te renouveler ?” J’ai simplement pris ma bouteille d’eau et je suis parti. »
Ce que Kamou Malo regrette avant tout, ce n’est pas la décision elle-même, mais la manière dont elle a été orchestrée. « Ce qui m’a fait mal, c’est que, à peine j’ai quitté la Fédération, les réseaux sociaux étaient déjà inondés de la nouvelle. » Une fuite prématurée qui, selon lui, traduit un manque de respect pour l’homme et pour le travail accompli.
Sous la houlette de Kamou Malo, les Étalons avaient retrouvé une identité de jeu et un esprit de combativité qui avaient séduit les supporters. Son départ marque donc la fin d’un cycle, mais aussi la page d’une aventure humaine forte, vécue entre doutes, espoirs et fierté nationale.
Aujourd’hui, l’ancien sélectionneur préfère retenir le positif : « J’ai servi mon pays avec honneur. Le football burkinabè a de l’avenir, et si ma modeste contribution a permis de le faire grandir, alors je pars en paix. »
Une sortie digne, à l’image de l’homme qu’il a toujours été : sobre, déterminé et profondément attaché à son drapeau.
Par Vox Sahel

