Sénégal : Le Président Bassirou Diomaye Faye dissout l’Assemblée nationale et convoque des élections législatives anticipées
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale lors d’une adresse à la nation ce jeudi 12 septembre 2024, et a fixé la date des élections législatives anticipées au 17 novembre prochain. Cette décision intervient plus de cinq mois après son accession à la présidence sur la promesse d’un changement profond et systémique.
« Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise. Aujourd’hui plus que jamais, l’heure est lieu d’ouvrir une nouvelle temporalité à notre quinquennat », a déclaré le président à la télévision nationale, exprimant sa volonté de surmonter les blocages parlementaires qu’il jugeait hostiles à ses réformes.
Cette dissolution survient dans un contexte de tensions croissantes entre l’Exécutif et un Parlement dominé par l’alliance Unis par l’espoir, incluant le Parti socialiste sénégalais de l’ancien président Abdoulaye Wade. Selon le président Faye, les récentes entraves au sein de l’Assemblée nationale ont rendu impossible une collaboration franche avec la majorité parlementaire, l’obligé à prendre cette mesure radicale pour relancer ses réformes promises.
Élu en mars 2024 sur une plateforme de « rupture » politique et de souverainisme panafricain, Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, incarne un espoir de transformation pour de nombreux jeunes Sénégalais, dans un pays où les trois quarts de la population ont moins de 35 ans. . Son discours a également été l’occasion de critiquer sévèrement la gestion économique de son prédécesseur Macky Sall, dénonçant des « manquements » qui ont « détérioré les finances publiques du pays ».
« Des dérapages volontairement cachés » ont été relevés dans un audit économique, incluant une évolution incontrôlée de la masse salariale, de la dette et des subventions, a souligné le président, promettant que le rapport approuvé par la Cour des comptes serait prochainement publié.
L’opinion est divisée quant aux effets de cette dissolution. Pour les partisans de Bassirou Diomaye Faye, il s’agit d’une étape nécessaire pour obtenir une majorité parlementaire qui lui permettra de concrétiser ses promesses de campagne. L’éditorialiste sénégalais Amadou Bator Dieng estime que cette décision pourrait clarifier l’espace politique, en donnant à l’Exécutif les coudées franches pour mener ses réformes sans entraves.
Cependant, l’opposition, bien que s’engageant à adopter une attitude républicaine, reste sceptique quant à la stratégie du président et mise en garde contre une concentration excessive des pouvoirs. Le rôle de l’opposition pourrait ainsi se renforcer dans un Parlement renouvelé, dans un souci d’équilibre des pouvoirs.
L’incertitude demeure également quant à la prochaine déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko, suspendue en raison de divergences sur les règlements intérieurs récemment modifiés pour rétablir la fonction de Premier ministre, supprimée en 2019.
Avec la date des élections législatives désormais fixée, les Sénégalais s’apprêtent à revivre une intense période électorale, déterminante pour l’avenir politique et économique du pays. Le pari du président Faye de reconquérir une majorité parlementaire sera crucial pour donner suite à son projet de transformation systémique, attendu par une jeunesse avide de changement.
Par Fousseni Diallo