Portrait : Sékou Ouattara, le patriarche de la boxe bobolaise

Né en 1939 à Bobo-Dioulasso, Sékou Ouattara incarne une génération dorée de sportifs burkinabè ayant marqué l’histoire de la boxe nationale. Contemporain de grands noms comme Kélétigui Ouattara et Sinaré Moussa dit « Koumassi », il fait partie de ces pionniers qui ont jeté les bases de ce noble art dans l’ancienne Haute-Volta.
Son entrée dans le monde de la boxe relève presque du hasard. Enfant curieux et passionné, il passe ses week-ends à observer les entraînements du seul club de la ville, le Boxing Club de Bobo (BCB), dirigé dans un bâtiment prêté par l’expatrié Marc Deschamps. Ce qui n’était au départ qu’un simple passe-temps devient rapidement une vocation. Attiré par l’intelligence tactique, l’endurance et la rigueur de ce sport, il s’y engage avec discipline et passion.
Sékou Ouattara s’impose très vite comme un puncheur redoutable, représentant fièrement le BCB dans plusieurs compétitions, tant au niveau national qu’en Côte d’Ivoire, alors capitale régionale de la boxe. Mais au-delà de ses talents sur le ring, c’est son esprit de leadership, son humilité et sa capacité à transmettre le savoir qui marqueront durablement sa carrière.
En 1958, reconnu pour ses compétences et son influence, il est envoyé au Sénégal pour une formation d’entraîneur. À son retour, il est naturellement désigné entraîneur titulaire du BCB. Toutefois, une divergence avec les responsables du club vers 1970 l’amène à quitter cette institution. Avec le soutien de mécènes locaux, notamment le directeur de l’abattoir de Bobo, il fonde « Les Onze Taureaux », qui deviendront la première ossature du Ring Athletic Club (RAC), futur vivier de champions.
Grâce à des soutiens précieux comme Coulibaly Moussa dit « Soukaro Moussa » et Balima Lamoussa, le RAC devient un des clubs les plus réputés du pays. Sous sa houlette, plusieurs talents émergent, dont le célèbre Fousséini Traoré dit « Scorpion », mais surtout son frère cadet, le brillant Moussa Ouattara, plusieurs fois champion de Haute-Volta et d’Afrique.
En plus de ses activités en club, Sékou Ouattara met ses compétences au service du pays en tant qu’adjoint de Paul Ouédraogo, au sein de l’équipe nationale de boxe. Formateur infatigable, meneur respecté, il aura consacré toute sa vie à la transmission des valeurs du sport : rigueur, discipline, respect et dépassement de soi.
Aujourd’hui âgé de 86 ans, il vit une retraite paisible à Donoma, quartier de Farakan à Bobo-Dioulasso. Son parcours exemplaire force l’admiration et mérite la reconnaissance nationale.
Héritage
Sékou Ouattara n’a pas été qu’un boxeur. Il fut un bâtisseur, un formateur, un leader naturel. Son impact dépasse largement les rings. Il a contribué à structurer la boxe burkinabè, à forger des générations d’athlètes, et à faire rayonner sa ville natale. Le groupe « Bobo avant avant » lui rend ici un hommage mérité, saluant un homme qui a su élever la boxe au rang de mission de vie.
Un modèle de détermination et de fidélité à sa ville et à son sport, Sékou Ouattara est, sans conteste, l’un des grands artisans de la boxe burkinabè.
Par Vox Sahel