Immersion patriotique obligatoire : le ministre Savadogo échange à bâtons rompus avec les futurs bacheliers

Le 27 mai 2025, à l’Université Joseph Ki-Zerbo, le ministre de l’Enseignement secondaire, de la Formation professionnelle et technique, Aboubacar Savadogo, a échangé avec les futurs bacheliers sur la nouvelle mesure d’immersion patriotique obligatoire. Ce décret, adopté en Conseil des ministres le 2 mai dernier, vise à inculquer aux jeunes des valeurs citoyennes à travers une formation d’un mois après leur admission aux examens de fin de cycle.

Le ministre a précisé que cette immersion concerne les élèves admis au CAP, au BEPC et au baccalauréat. Cependant, en raison de la date tardive du décret, seuls les nouveaux bacheliers seront concernés pour cette première édition. Il a expliqué que les centres d’immersion seront aménagés dans des établissements réquisitionnés à travers toutes les régions du pays. Pendant trente jours, les élèves suivront une formation composée de six modules axés sur la nation, le vivre-ensemble, les relations internationales, les valeurs sociétales du Burkina Faso, ainsi que le sport. Une visite médicale préalable permettra de distinguer les élèves aptes à suivre à la fois les activités théoriques et physiques.
« À l’issue de la visite médicale, ceux qui ne seront pas aptes pour l’exercice physique vont faire la partie théorique, et ceux qui sont aptes feront les deux ensemble », a-t-il précisé. Le ministre a insisté sur le caractère structurant de cette formation: « Il sera délivré un certificat, et ce certificat sera exigé dans les pièces pour l’inscription dans les universités ». Il a justifié la nécessité d’un tel dispositif par l’importance de renforcer le civisme et la conscience citoyenne des jeunes : « Il s’agit de favoriser le vivre-ensemble, il s’agit de donner des valeurs », a-t-il souligné, évoquant certains comportements non citoyens observés dans les médias et les établissements.
Il a également rappelé que cette mesure s’inscrit dans l’initiative présidentielle pour une éducation de qualité et vise à doter les élèves de compétences utiles pour leur insertion dans la vie active. « D’autres aspects sont traités, notamment sur le numérique et aussi sur l’entrepreneuriat », a-t-il ajouté. Concernant l’obligation de participation, Aboubacar Savadogo a été formel : toute absence injustifiée fera l’objet de sanctions légales.
« Dans le décret et l’arrêté qui a été pris, il est dit que lorsque vous êtes convoqué pour l’immersion patriotique obligatoire, si vous refusez, ce sont les termes de la justice, ce qui est prévu par le code pénal qui sera appliqué », a-t-il averti, tout en précisant que cette mesure ne visait pas à punir ni à envoyer les jeunes au front, mais à leur transmettre des valeurs essentielles. Il a également rassuré les élèves sur la gestion des cas spécifiques : ceux qui devront changer de région pour des raisons valables pourront être réaffectés dans un autre centre.

« Toutes les régions sont en train de sélectionner les centres d’accueil », a-t-il affirmé. Cette rencontre a permis d’éclairer les élèves et d’apaiser les inquiétudes. Ornella Balima, élève au Lycée municipal Rimvougré, a déclaré : « Avant de venir à la rencontre, je croyais que l’immersion était une formation militaire. Mais avec cette rencontre, j’ai su que c’est un acte de patriotisme, d’amour pour sa patrie ». Pour elle, cette initiative permettra de renforcer les liens entre jeunes Burkinabè: « Cela va nous amener à nous souder entre nous Burkinabè ».
Par Amir BAKO