Edito/Burkina Faso : Préserver la paix par le respect des croyances

Un climat préoccupant s’installe progressivement dans notre espace public. Les croyances religieuses, autrefois respectées comme des expressions profondes de la spiritualité individuelle, deviennent aujourd’hui des motifs de division, d’agressions verbales et de stigmatisation. Les réseaux sociaux, censés être des vecteurs d’échange et de compréhension, se transforment en arènes de conflits où l’on tourne en dérision les pratiques religieuses, où l’on s’attaque aux convictions avec violence et dérision.
Dans ce contexte tendu, le respect mutuel entre croyants de différentes confessions devient une urgence nationale. Le Burkina Faso, riche de sa diversité religieuse, ne peut se permettre de voir cette pluralité devenir un facteur de conflit. L’histoire montre que les fractures religieuses sont souvent le point de départ de crises profondes et durables. Le pays a déjà trop souffert d’instabilité pour laisser ce poison se répandre davantage.
La religion, dans sa vocation première, élève l’homme, l’oriente vers la paix, le respect et la solidarité. Lorsqu’elle est sincèrement vécue, elle rapproche les individus, forge des citoyens responsables, soucieux du bien commun. Ce n’est pas la foi qui divise, mais son instrumentalisation à des fins idéologiques ou identitaires.
Il appartient aux autorités de prendre la pleine mesure de la menace. Il est temps de renforcer les mécanismes de prévention, de réguler les discours publics en ligne, et de favoriser activement le dialogue interreligieux. Le silence face aux dérives est un risque que le pays ne peut plus se permettre. Il faut agir avant que le seuil de l’irréparable ne soit franchi.
La paix sociale est un travail collectif, patient, exigeant. Elle se construit dans le respect des différences, la reconnaissance de l’autre, la responsabilité partagée. Aujourd’hui plus que jamais, le Burkina Faso a besoin de croyants sincères, de citoyens modérés, et de dirigeants engagés dans la défense de l’unité nationale. La foi ne doit jamais devenir un prétexte à l’exclusion, encore moins une arme contre le vivre-ensemble.
La Rédaction